La police des moeurs by Jean-Marc Berlière

La police des moeurs by Jean-Marc Berlière

Auteur:Jean-Marc Berlière [Berlière, Jean-Marc]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
Publié: 2016-06-14T22:00:00+00:00


Améliorer le Service des mœurs : mission impossible ?

La police des mœurs représentait un véritable casse-tête pour la Préfecture de police. Cette mission bien particulière, réclamée de façon péremptoire par l’opinion quand le « scandale et la licence » envahissaient la rue, avait aussi, depuis 1878, servi de prétexte aux attaques les plus dures et aux assauts les plus déterminés et les plus dangereux que la Préfecture de police – une création du Premier consul a priori peu compatible avec un régime républicain – ait jamais subis. Le Service des mœurs, accomplissant une besogne « difficile, délicate et ingrate », opérait, bon an mal an, plusieurs milliers d’arrestations dans des conditions de légalité pour le moins douteuses ; il était presque toujours le service par lequel le scandale arrivait du fait des nombreuses et dramatiques erreurs que ses agents avaient pu commettre – il était donc vital pour la Préfecture de police de réussir à l’améliorer.

Il faut dire que la besogne même de ce service avait toujours posé le problème de la qualité de ses agents. Carlier, son ancien chef, le concède volontiers : « Dès son origine, et cela a duré longtemps, la brigade des mœurs a été mise au ban de l’administration de la police par les chefs de cette administration eux-mêmes. Tous les agents incapables, violents, débauchés, tous ceux compromettants ou compromis, attachés à d’autres services et dont les chefs voulaient se défaire, étaient incorporés à cette brigade. Charger un pareil ramassis […] de veiller sur la morale publique, c’était aller au-devant des scandales, des compromissions, des concussions, des abus de pouvoir […] Ces agents, qui ne s’imposaient aucune retenue, aucune gêne, tiraient de leurs fonctions tous les avantages personnels qu’ils en pouvaient obtenir […] La réorganisation, en 1854, de la police municipale en mettant la brigade des mœurs comme toutes les autres, sous la surveillance du Contrôle général, mit un frein à toutes ces compromissions […] mais c’est en 1860 seulement que les dernières traces de tous ces abus disparurent définitivement […] Le service actif des mœurs fut sérieusement réorganisé. La discipline y fut rétablie, plus sévère, plus rigoureuse que dans tous les autres services. Les immoralités, les abus de pouvoir y furent tout particulièrement réprimés, avec une vigueur presque exagérée [sic]. Son chef fut autorisé à refuser tous les agents qu’on lui proposait qui venaient d’autres services […] les arrestations “pour faire nombre” furent rigoureusement interdites et comme il fallait rompre même avec le souvenir des anciennes habitudes, l’ancien personnel fut renouvelé, à cinq exceptions près, en six mois71. »

Le « Service des mœurs », désormais recruté parmi les mêmes hommes que celui des « brigades de recherches » ou du « Service de sûreté », formait donc, jusqu’en mars 1881, un service particulier des « services actifs inostensibles72 » de la Police municipale. Dirigé par un officier de paix et 3 brigadiers, il comptait alors 65 hommes divisés en 3 brigades aux territoires différents, dont une partie des agents, les « lotiers », étaient exclusivement attachés à la surveillance d’un « lot ».



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.